Coups de Coeur

Et si on changeait d’air ?

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J’avais littéralement abandonné Hurluberlu depuis plusieurs mois. On avait besoin de faire une pause lui et moi. Mais on s’est réconcilié. Seul hic. Il en avait un peu marre d’être toujours au coeur de mes articles. Du coup, j’ai changé un peu. Je me suis ouverte. C’est toujours le Carnet de Liza, avec moins d’animosité envers les hommes. C’est pas mal aussi non ? Mais si vous avez des difficultés avec le sexe opposé, je pourrais toujours me pencher dessus. En attendant, pour mon retour, je me lance dans mes coups de gueule, mes coups de coeur.

Un petit penchant cinématographique ce mois-ci. 

SAMBA

« Samba fait chavirer les coeurs du début à la fin. Mais pas au début, ni à la fin. »

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Huit français sur dix ont vu Intouchables (évidemment, il faut enlever les mioches qui ont empêché leurs parents de se faire une soirée salle obscure). Bref, il y a les autres. Et parmi eux, il y a celui qui prétend ne pas avoir aimé ce film. Un menteur marginal en somme, qu’on a tous vu allègrement rire au premier rang en avant-première de cette bonne comédie française. Une fois populaire, notre joli couple black-handicapé ne l’a plus trop fait rêver. Bref, Intouchables c’était plutôt pas mal. Et on attendait tous Omar Sy au tournant.

Comparer ce film de Olivier NAKACHE et Eric TOLEDANO à leur précédent parait légèrement exagéré. C’est vrai qu’on a le coeur à danser et à s’émouvoir au rythme du scénario. Un pas chassé vers le misérabilisme et puis un petit déhanché vers la dérision sur la dépression occidentale. A ça, on ajoute le contraste entre les deux et nous voilà plongés dans les délicatesses du couple maladroit mais touchant formé par Omar Sy et Charlotte Gainsbourg.

Après un démarrage qui traîne en longueur, les répliques poignantes provoquent éclats de rire et sourires éloquents. Peut-être un peu trop : on ne sait plus si le scénario est dramatique ou comique. Ceux qui étaient assez amoureux du jeu d’acteur de la fille Gainsbarre, risquent d’être lassé par son côté toujours un peu neurasthénique. Charlotte alias Alice reste plutôt sans saveur et sans odeur (même si son parfum au musc titille les sens de Samba).

Après Nymphomaniac où elle s’en sortait avec brio (quoique toujours dans son rôle profond, lugubre et torturée), elle s’est avéré plus décevante dans « 3 coeurs » aux côtés de Benoit Poelvoorde et Ciara Mastroianni. Et là, hormis une scène de danse qu’elle savoure à bras le corps avec le beau Tahar Rahim, Charlotte Gainsbourg, en plein burn-out, ne fait pas trop rêver. Un peu rire parfois mais certainement plus pleurer.

Charlotte Gainsbourg avait déjà trompé Omar Sy dans Nymphomaniac
Charlotte Gainsbourg avait déjà trompé Omar Sy dans Nymphomaniac

Quelques répliques cultes restent encrées une fois la porte de sortie franchie. Rien qui ne poussera pour autant les américains à adapter le film version USA. Bon, après tout, si dimanche prochain vous n’avez rien à faire ou que votre copine n’a pas envie de vous toucher ce soir, ça peut toujours être une alternative. Parce qu’une chose est sûre : on ne s’ennuie pas pour autant. Et on préférera toujours Samba à « Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu ? ».

 Petit Plus de Samba : Le Strip-tease plutôt funky de Tahar Rahim


MOMMY 

« Mais accrochons-nous. Ensemble nous pourrons changer ce monde qui a besoin d’être changé » 

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Mommy, ça fait six mois qu’on en parle. Je l’attendais comme on attend le messie. Xavier Dolan, c’est un peu toute ma vie. Un génie auprès duquel on aimerait pouvoir s’épancher. Je lui voue un culte sans fin, je le confesse. Outre « Tom à la ferme », son thriller psychologique que je qualifierai modestement d’erreur de parcours, le jeune québécois a fait bien plus qu’émouvoir la foule depuis ses débuts. Et pour ceux qui ont attendu que le jeune prodige reçoive un prix à Cannes pour s’intéresser à son oeuvre, il est temps de se pencher sur sa filmographie et ses bandes sons toujours géniales.

Certains verront Mommy comme un aboutissement, une réalisation ultime. D’autres, comme moi, continueront de placer « Les amours imaginaires », triptyque amoureux aux plans déroutants, ou « Laurence Anyways », où le coeur prend un coup de massue, en haut du top Five de notre chouchou. Ca ne fait pas de son dernier coup de génie, un film lambda. Bien au contraire. C’est une claque visuelle, psychologique, artistique, photographique et intellectuel. Une claque générationnelle aussi…

Suzanne Clément dans Laurence Anyways 

On en viendrait presque à aimer Céline Dion, tellement la scène dans la cuisine entre Suzanne Clément, Anne Dorval et Antoine-Olivier Pillon fait l’effet d’un coup de fouet. Violences, hystérie, arrachement, amour passionnel et Oedipe tardif éclatent à l’écran comme un mystère qu’on aurait enfin percé. Les larmes coulent aux moments on s’y attend le moins.

Pas de spoil à l’horizon mais plutôt un bémol. Xavier Dolan qui voulait éviter tout misérabilisme et « regarder les gens non pas d’en haut, ni d’en bas mais droit dans les yeux », a réussi son coup à quelques exceptions près. Malgré une petite maison, dans un quartier résidentiel, à l’intérieur plutôt désuet (et vite dévasté), il laisse planer le doute sur les conditions sociales de cette famille populaire. Steve a les dernières fringues à la mode, une jolie longboard et jette allègrement de la nourriture quand l’envie lui prend. On pourrait mettre ça sur le dos de ces troubles du comportement qui sont au coeur du film mais ça ne tient pas toujours la route.

Et si vous n’avez pas lu le synopsis de Mommy, c’est ça l’histoire.

En 2015, vision futuriste de la société canadienne, une nouvelle loi entre en vigueur. Cette loi, très controversée permet aux familles de confier à des centres étatiques les enfants qui représenteraient un danger physique, psychologique ou même financier, et ce sans même passer par un juge. Le film débute ainsi. Diane « Die » Després (interprétée par Anne Dorval), quadragénaire loufoque au style dépassé, a un accident de voiture. Après quelques insultes au conducteur responsable, son téléphone  sonne. Son fils Steve, atteint du syndrome TDAH (trouble du déficit de l’attention et Hyperactivité), placé en centre d’accueil, vient de provoquer un incendie ayant gravement brûlé un autre enfant du centre. Die, récupère son fils. Fier de retrouver son amour. Un amour qui annonce un univers assez manichéen ou plénitude et destruction ne cesseront de s’entrechoquer. Kila (interprété par Suzanne Clément), la voisine bègue à l’apparence calme et discrète devient le noyau de cette famille éclatée.

Ne vous attendez pas à sortir de cette séance de 2h20, le coeur léger et prêt à dire oui au monde. Mommy bouleverse les codes de l’amour parental et dérange nos esprits, bien loin d’imaginer comment on peut survivre/vivre avec ces troubles comportementaux. Une problématique souvent négligé ou méconnu.

Et si Samba et Mommy n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Que l’un est un moment détente et l’autre une claque psychologique. Ils ont un point commun :

Une musique à écouter avec déraison. Une mélodie qui transporte et dont rien est à oublier. Surtout pas la scène qu’elle accompagne dans Mommy.

PLUS de Mommy : Antoine-Olivier Pillon faisait une brève apparition dans Laurence Anyways. Pour ceux ou celles qui en tomberaient amoureux, à vous de le trouver.

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