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Pourquoi Internet anesthésie la génération Y ?

Checkpoint Charly POURQUOI INTERNET ANESTHESIE (DANGEREUSEMENT) LA GENERATION Y ?
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Checkpoint Charly : Les questions existentielles ou presque.

POURQUOI INTERNET ANESTHÉSIE (DANGEREUSEMENT) LA GÉNÉRATION Y ?

Le réveil sonne. Vous ouvrez les yeux mais vous ne voulez pas vous lever. Ça pique. Vous vous êtes encore couché trop tard. Il va falloir aller travailler et d’ici une minute, vous allez soulever votre couverture, avoir froid et courir pour atteindre la douche, ultime moyen de vous réveiller vraiment. Car jusqu’à présent vous ne l’êtes pas. Du moins pas complètement. Vous êtes plutôt un genre de zombie qui reprend soudain conscience de son existence (et oui, ce n’est pas toujours beau à voir). Mais la douche est encore loin et le réveil de votre smartphone probablement de type iPhone sonne toujours. Cette même sonnerie qui vous réveille tous les matins de la même manière résonne dans votre tête. Cela vous irrite, alors vous tendez le bras et atteignez votre téléphone chargé à 100%. Votre pouce glisse sur l’écran LCD et la musique s’arrête. Vous regardez péniblement l’heure, aveuglé par votre écran et vous imaginez une seconde le plaisir d’une grasse matinée défendue. « Et si ce matin, exceptionnellement, je ne me levais pas ? » Vous pourriez inventer une excuse formidable et vous replonger dans vos draps chauds, façon fajitas Old El Paso. Votre cocon adoré. Mais finalement non. La raison l’emporte. La grasse mat’ attendra… vivement le week-end prochain!

Alors c’est décidé, vous allez vous lever. Mais une petite chose vous retient encore. Un nouveau rituel qui rythme désormais vos matins. Votre iRéveil est encore dans votre main et vos yeux sont braqués sur la lumière de l’écran. Ils ont repérés un petit carré bleu avec des bords arrondis et un « f » blanc dessus. Ce carré vous le connaissez  par cœur. D’ailleurs il vous nargue toute la journée. Il titille votre cerveau ce carré bleu. Vous lui accordez toute votre attention, il est incontournable. Non, vous ne l’éviterez pas. Vous ne pourrez pas l’éviter. Sa force d’attraction est plus forte que vous. Le « quoi de neuf » qui n’engage à rien s’est métamorphosé en habitude. « Trop de mystères se cachent derrière cet icône ». Il devient alors impossible de ne pas cliquer dessus. Et évidemment vous ne faites pas la seule chose qui aurait pu contredire cette introduction avec panache, à savoir : jeter avec violence votre smartphone contre le mur en criant « JE T’EMMERDEEE FACEBOOK ! ». Raison numéro une : un iPhone ça coûte cher. Raison numéro deux : vous êtes addict. Bon, le « jeté de smartphone » est un peu radical, mais d’un côté une désinscription totale du réseau social à ce moment-là semble presque aussi surréaliste.  Alors non, vous ne faites pas ça. En fait, vous faites exactement l’inverse. Car à cet instant-là de manière quasi-instinctive, comme ça, sans réfléchir, la seule chose que vous faites, c’est cliquer. Votre doigt touche le coin de l’écran, espace où se trouve précisément notre fameux carré bleu. L’application s’ouvre. Vous voilà connecté au monde. La journée peut commencer. Le chargement s’effectue et vous scrollez votre page d’actualités. Ce que vous faites est vide de sens mais c’est devenu naturel. D’ailleurs vous vous en fichez pas mal de savoir si cela a un sens. Vous attendez la surprise. Vous espérez.  Peut-être qu’un message de séduction inattendu de la personne que vous convoitez secrètement va apparaître ? Ou alors la publication des photos de samedi soir que vous attendez toujours ? Ou peut-être 20 likes de plus sur votre nouvelle photo de profil ? (Ou même juste un ?)  Ou peut-être simplement voir si le monde tourne toujours rond ? Alors il y a des matins où vous êtes gâté. Vous avez votre lot de surprises et c’est une raison suffisante  pour commencer la journée du bon pied. Mais malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Parfois vous n’avez pas votre surprise. À vrai dire souvent.  C’est comme si la petite souris avait oublié de passer. En réalité, c’est juste le clic de cette dernière. Mais enfin, pour vous c’est pareil. Cela vous fait un drôle d’effet. L’effet d’un manque. Vos paupières sont lourdes. Rien ne se passe. Vous avez satisfait votre envie de cliquer, mais réalisez que cela ne vous suffit pas. Vous vouliez plus. Le pire étant de réaliser que vous ne savez pas quoi. Vous ne vous êtes pas levé que vous êtes déjà frustré. Le monde vous a parfaitement ignoré et le matin a un goût amer. En fait non. C’est plus flippant que ça, car le matin n’a pas de goût. Vous reposez votre téléphone. Un zombie se lève. Ce zombie c’est vous. Et c’est moi aussi.

internet danger ou revolution

Salut génération Y ! Le mois dernier, mon article portait sur les Geeks. Il inaugurait cette rubrique philosophico-sociologique-cool-new-wave en posant la question suivante : « Pourquoi les geeks changent le monde ? »  À travers ce questionnement existentiel ou presque, on parlait d’évolutions humaines, de technologies qui révolutionnaient nos vies et d’internet. Mais au-delà des machines, cet article était avant tout un hymne à l’imagination. Une ode à la créativité au service de l’Homme. Car c’est toujours ça la grande question : Nous. Mais quand l’article fut posté, j’ai réalisé que je n’avais pas tout dit. Et comme tout n’est pas blanc, j’ai eu envie d’explorer les zones d’ombres de notre génération Y, le côté obscur de l’Internet. C’est pour cette raison que j’ai envie de poser la question de notre relation à Internet. Après la force des Geeks, les failles d’un monde 2.0 et la boucle sera bouclée !  Alors si toi aussi tu penses que tu deviens un zombie moderne tape ZOMBIE au 8 32 32 et lis la suite, ça pourrait t’intéresser.

AVANT INTERNET.

Au commencement le Big-Bang. Le choc des matières. Une puissante lumière se propage dans le néant et laisse derrière elle une trainée de poussières cosmiques. Parmi elles, une planète peuplée de dinosaures : la Terre. Un astéroïde plus tard, grosse explosion, fin du délire Jurassic Park (à l’exception d’un certain Denver, le dernier dinosaure) et arrivée des mollusques. Théorie de l’évolution : les méduses se tapent les têtards qui se tapent des lézards et PAF ça fait des bébés singes. Enfin débarquement des extra-terrestre (les geeks ?) sur la Terre, qui finissent par s’enfiler les singes et REPAF ça fait des hommes de Cro-Magnon (des singes plus intelligents en gros… nos ancêtres). L’Homme est donc un animal faible mais plus clairvoyant que les autres. Il se sert de son cerveau pour devenir meilleur. Il découvre le feu, se sert de ses mains pour créer des outils et pour construire. Ainsi il fait l’amour et la guerre. Ainsi il fait l’Histoire. Il invente tout plein de trucs formidables tels que l’agriculture et les machines à vapeur. Il invente aussi des trucs inutiles (tels que la peinture, la poésie, la musique… bref l’Art) mais qui lui donnent un sentiment justifié d’intelligence et d’évolution. L’Histoire de l’Homme est fameuse, pleine de rebondissement et de profondeur. On voit passer des révolutions et des démocraties. Des crises économiques et des crises de colères. Du sexe et du Rock’n’Roll. Autant de choses qui donnent à la vie une putain de saveur. L’Homme est dans l’action et se sent plus vivant que jamais.

Vous l’aurez compris, il faut que j’arrête d’écrire bourré. Plus sérieusement,  il est évident que ce « résumé » de l’Histoire de l’humanité ne dit pas tout (et dit aussi beaucoup de conneries). Mais il a toutefois le mérite de guider ma pensée vers l’idée suivante : « le sentiment d’existence ». En fait l’idée qu’à travers son évolution périlleuse, le genre humain dans sa globalité et malgré ses nombreux défauts, avait une aspiration à la grandeur. Et comme sa quête de bonheur est longue et laborieuse, parsemée de pièges et de malheurs, quand il arrive au bout, l’Homme a vécu un vrai truc. Comme le dit l’adage « Ce n’est pas la destination qui compte, c’est la route ». En gros la vie est une montagne russe avec des hauts et des bas, mais où l’émotion prime sur tout. D’où ce « sentiment d’exister ». Mais ça c’était avant. Avant Internet.

Il y a eu un avant internet et il y a eu un après. Le « Avant-Internet » c’est la préhistoire de l’Homme moderne. Car quand l’Homme a découvert Internet, l’Homme à découvert le feu.

Checkpoint Charly Quand l'homme a découvert internet l'homme a découvert le feu

APRÈS INTERNET.

« Si Dieu a crée l’Homme, L’Homme s’est émancipé en créant Internet. »

Comme à la découverte de n’importe quel trésor, au début c’est l’effervescence. Comme un gamin qui déballe son paquet à Noël et découvre que le cadeau est encore mieux que prévu. Comme quand on trouve une idée géniale. Car c’était le cas : une idée géniale au potentiel énorme. Alors évidemment on s’emballe et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. On fonce tête baissée dans le futur, joueur et insouciant, avec l’espoir que ce trésor nous apportera une vie meilleure. Dans mon article précédent, j’avais défini Internet comme tel : « La connaissance absolue. L’information immédiate. (…) En un clic, l’information fait le tour du monde, voyageant à la vitesse de la lumière. »  Formidable n’est-ce pas ? Mais cela sous-entend qu’Internet a une fonction bien précise de partage d’informations. Voilà ce qu’aurait dû être Internet : un outil pour l’Homme. Et j’insiste sur cette notion : un outil UTILE à la vie. J’emploie du conditionnel pour le définir mais la vérité c’est qu’Internet EST utile. Utile pour s’informer, écouter, voir, partager  ou encore communiquer. Aussi utile pour créer, pour entreprendre, pour troquer, pour voyager, pour se faire connaître, pour devenir trader et gagner de l’argent facilement ce qui permettrait ensuite d’augmenter la taille de son sexe et de baiser des filles moches, pour faire des rencontres, regarder des films en streaming, se faire un p’tit porno, apprendre la cuisine, réparer un téléphone… utile parce que tout est moins cher, j’en passe et des meilleurs. Bref UTILE.

Mais si j’ai employé le conditionnel pour le définir tout à l’heure, c’est parce qu’il y a un « mais ». Ou plutôt un « SAUF QUE ». Quand je dis « ce qu’Internet aurait dû être » sous-entend pour moi qu’Internet a désormais dépassé ce statut d’outil qui devait le définir. Internet est devenu plus qu’un outil, il est devenu un monde à part entière. Internet est génial MAIS nous en sommes devenus dépendants. Internet est utile SAUF QUE c’est devenu une addiction. En entrant dans nos vies, Internet est devenu notre vie. Sur la pyramide de Maslow, il y a les besoins fondamentaux (manger, dormir, respirer…) et juste après il y a Internet. Nous ne pouvons plus nous en passer car nous faisons partie de la définition : nous sommes des êtres connectés. Nous vouons désormais un culte total à notre smartphone connecté.  Notre nouveau Dieu s’appelle Internet et son premier prophète est Facebook. Le feu que l’on a découvert brûle les livres et nous consume tout doucement.

Et si en découvrant Internet nous avions ouvert la boîte de Pandore ? Et si Internet était notre fruit défendu ? Notre pomme empoisonnée ?

Un constat en quelques chiffres :

Nous sommes désormais plus d’1 milliard d’êtres humains connectés sur Facebook. 600 millions de membres accèdent au site depuis un appareil mobile. Chaque jour, les Américains de plus de 18 ans passent en moyenne 5 h 09 sur Internet, contre 4 h 31 en moyenne devant leur poste de télévision. Le temps passé sur Internet est en nette augmentation (15,8 %). En France nous passons en moyenne 1 heure par jour devant Facebook (un chiffre déjà énorme et qui a pourtant vocation à augmenter encore).

Un constat qui peut donc faire peur car en seulement une année le temps passé devant notre téléphone a littéralement explosé. Au bout du compte nous passerions 36 heures par semaine devant un écran ! On serait tenté de se demander si avec tout ça on prend le temps de se parler ? Les réseaux sociaux qui aurait dû nous rapprocher n’auraient-ils pas eu l’effet inverse ?

J’aimerais partager avec vous cette publicité Apple nommée « l’incompris », que vous avez peut-être vue au moment de Noël :

pub apple l'incompris noel
Photo : pub Apple « l’incompris »

Le pitch est simple : Un adolescent passe toutes ses vacances de Noël sur son iPhone. Alors que sa famille pense qu’il s’ennuie et préfère sa vie virtuelle, il les filme. Le matin de Noël, il montre les moments d’émotions qu’il a captés, réussissant à émouvoir sa famille. Évidemment cela fonctionne à merveille. C’est plein d’émotions, on s’identifie et cela nous rassure. Mais la vérité c’est qu’avec ce spot, Apple tente de dédramatiser les jeunes passant leur temps sur leur iPhone et iPad. Je sais que les marketeurs et les publicitaires sont des malins (à vrai dire je les connais bien, j’en suis moi-même un), mais là ils ont fait très fort. Ils ont pris un coup d’avance sur ce qui est en train de devenir le sujet qui fait mal au business. Et c’est tellement bien utilisé, tellement au bon moment. Combien parmi vous on eu l’impression que ce Noël 2013 était encore plus connecté que les précédents ? Combien on eu le sentiment que cette année le téléphone était trop présent ? Notre famille est là et nous, nous sommes sur notre téléphone. C’est quand j’ai réalisé qu’il était temps de proposer un bon vieux jeu de société type Monopoly, pour que tout le monde (moi y compris) se déconnecte, que j’ai commencé à flipper. Cette pub Apple se sert de cette réalité (que l’on appelle « Insight » en publicité) pour nous faire déculpabiliser. Mais moi, j’ai peur. Alors pourquoi faisons-nous ça ? La réponse est simple : nous cherchons à fuir l’ennui. Sauf qu’en cherchant à fuir l’ennui, nous fuyons la réalité. Nous devenons malgré nous des No-Life (la version dark du geek).

Finalement nous nous centrons sur nous-mêmes et sur notre e-réputation. Sans nous en rendre compte, nous sommes devenus des zombies égocentriques (d’ailleurs « SELFIE » est devenu le mot de l’année au Canada). Bombardés par un surplus d’informations nous sommes au bord de l’overdose. Nous perdons notre temps en nous abrutissant devant de la « junk information » (les fameux articles du type « Les 10 trucs les plus cons que vous avez jamais vus »). D’ailleurs nous ne prenons plus le temps de lire. Nous préférons les tweets de 140 caractères aux livres qui racontent des histoires. Mais le pire du pire (« Pire2Pire ») c’est que la journée se finit exactement comme elle a commencé : devant son écran. Alors qu’il est 1 heure du matin, que vous êtes fatigué, la dernière chose que vous faites c’est checker une dernière fois Facebook avant de dormir. Votre quête de surprises s’achèvera ici dans votre lit. Vous branchez votre téléphone pour le recharger et là, enfin vous fermez les yeux. Les 6 ou 7 heures qui vont suivre vous dormirez. 6 ou 7 heures consécutives où vous ne serez pas devant votre écran. 6 ou 7 heures où vous pourrez enfin rêver. Je dis « vous », mais en fait je dis « nous ». Anesthésiés par notre téléphone nous avons oublié qu’Internet était un outil. Nous avons oublié de vivre.

Alors quelles solutions ? Pas évident. Mais commencer par une prise de conscience collective autour de notre consommation du web serait un bon point de départ. Tout ce que je viens d’écrire est un peu badant et j’exagère volontairement les traits de notre génération pour faire passer les grandes idées. Je ne suis pas un anti-internet, au contraire, je suis un geek dans l’âme et je penses que nous avons irrémédiablement besoin d’Internet pour faire évoluer le monde. D’ailleurs je suis persuadé que le web a encore de belles choses à offrir au monde. Acceptons le futur, mais n’oublions pas qu’Internet est avant tout et surtout un outil.  Et pour finir sur une note positive, régalez-vous devant cette campagne de pub’ géniale pour Le Mouv’, qui nous rappelle aussi que « Tout n’était pas mieux avant ».

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Alors sortez de chez vous, faites la bringue, soûlez-vous la gueule avec vos amis ou des inconnus, faites l’amour, voyagez et vivez. Le Checkpoint Charly c’est fini pour aujourd’hui, mais on se retrouve dans un mois pour plein de nouvelles questions existentielles ou presque. Allez ciao bonsoir !

Super bisou les loulous hulubberlu

Je dédie cet article à la génération Y et à Hélène pour son aide précieuse. « TMTC Babydoll ».

 

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J'ai testé la réalité virtuelle et c'est bluffant ! | Contrepoints 01/05/2016 at 03:00

[…] plonger dans un monde virtuel et que la réalité, la vraie, c’est toujours bien mieux, que la génération Y s’anesthésie encore un peu plus et ils n’auront pas tort, Toutefois, l’un n’empêche pas l’autre. […]

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