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On a testé pour vous : Paris-Londres pour 12 euros

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La vie étudiante est porteuse d’un cruel paradoxe : l’envie de tout faire, de tout voir et le porte monnaie aussi vide que le cœur d’un terroriste.
Les quelques provisions faites pendant ta carrière estivale de plagiste auront été vite dilapidées en bière et T-shirts à messages parodiques.
Les lois arithmétiques terrestres font qu’une opportunité de voyage est plus probable de se déclarer lorsque tes poches sont vides. Conséquences de cet algorithme : une frustration maximum et un gâchis de temps à baver sur l’instagram de ton cousin Berlinois.

Les hurluberlus sont toujours prêts à faire tourner les bons plans. Alors quand on a entendu parler d’un Paris-London en car pour 12 euros, on s’est dit qu’un test de rigueur s’imposait!

Paris-Londres pour 12 euros, ça donne quoi ?

Charles et Camilla trouvant ce prix "ridiculously cheap"
Charles et Camilla trouvant ce prix « ridiculously cheap »

20h : RDV à porte Maillot Une file de bus attendent leurs passagers. Sont scotchées sur une feuille A4 jaunie les destinations des navettes : Madrid, Prague, Barcelone, Amsterdam… Comme à l’aéroport, on rêve en lisant la multitude de destinations, sauf que là il n’y a ni checking, ni hôtesse, ni avion, ni aéroport.

20h15 : Pas évident de trouver un chauffeur assez aimable pour m’indiquer la localisation du bus à destination de Londres. Qu’importe, mon enthousiasme de me faire un weekend à moindre frais est plus fort que tout. Je m’imagine déjà faire le plein de rencontres pendant ce long trajet, dans une navette probablement pleine d’étudiants au goût du voyage prononcé.

20h18 : Je m’installe à bord et vérifie que mes denrées sont suffisantes pour passer outre-manche : une bouteille de Ginger Ale et un paquet de digestive, les comptes sont bons, larguez les amarres.

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20h25 : Pour fêter la mise en route du moteur et le confort assuré de mon trajet de part l’absence de voisin, je m’enfile un premier biscuit, calant confortablement mes jambes sur les deux places que je me suis auto-attribuée.

20h26 : Le digestive a un petit gout de reviens-y, alors que j’en pioche un second, Suzy, anglaise de 48 ans et mère de famille dévouée, s’installe tout sourire à côté de moi, brisant à jamais l’ergonomie de mon voyage.

20h50 : Suzy n’a pas eu la délicatesse des gâteaux secs pour casser la croute. Au menu : salade chou-fleur mayonnaise, pringles onion sour cream. Le visuel de salade ne m’attire pas plus que ça mais les pringles constituent une réelle agression sonore et olfactive.

21h : La batterie de mon Smartphone décline dangereusement. Organisée comme je suis, mon chargeur n’est jamais loin. 5 minutes après le branchement, un message sur mon écran m’indique l’extinction imminente de mon téléphone et, au passage, la vétusté de la prise dans laquelle j’avais placé tout mes espoirs.

21h20 : Une fois son repas finit, Suzy se sent d’humeur bavarde, je le suis moins mais me soumets tant bien que mal à une biographie odeur crème oignon.

22h30 : Le bus s’arrête. Une partie des passagers se font extirper brusquement de leur sommeil comme l’atteste l’arrêt soudain du concert de ronflement.

22h31 : Pas de panique : pas de panne technique, il s’agit juste de l’arrêt à la douane. Tout le monde descend, il fait approximativement 2 degrés, et nous sommes contraints de faire la queue pour présenter nos passeports à deux agents. Je m’imagine le drame du distrait se rendant compte qu’il a oublié sa carte, à 22h30, dans un bled, dans le froid, après 2 heures de route en compagnie d’une Suzy.
Je regarde les gens se succéder en tendant leurs papiers aux deux policiers, aussi glaciaux que la météo locale. Un instant je me demande si je pars en weekend ou au goulag.

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22h45 : Retour dans le bus, pour me réconforter de cette halte impromptue je continue ma consommation de digestives, je vois Suzy en mal de dessert loucher sur le paquet, je lui en propose un, elle en acceptera deux.

23h30 : Incroyable mais il semblerait que j’ai enfin trouvé une position, mi-fœtale mi-lotus, qui soit à peu prés confortable. Alors que Morphée me berce : deuxième arrêt.

23h45 : Toute groggy je me dirige vers le Ferry, je vois une joyeuse bande sortie d’un autre bus, courir vers l’entrée. Je ne comprends pas cet empressement, persuadée qu’il y a assez de place à bord et que le capitaine n’oserai jamais m’abandonner sur le quai.

00h00 : Après 5 tours du navire et la certitude qu’il ne reste aucune banquette digne de ce nom, je réalise que je paie mon manque de réactivité pour passer à l’abordage. Je croque un Digestive pour me consoler.

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04h00 : L’ennui est mortel, trouver le sommeil : impossible. Je monte sur le pont pour m’en griller une. La mer est agitée, je tente tant bien que mal de protéger ma roulée du vent et de la pluie. Alors que je dois me résoudre à abandonner l’idée de fumer, j’ai comme l’impression que les éléments se liguent contre moi. Avant de me mettre à l’abri, je jette un regard furieux au ciel et me prend une dernière giclée d’eau dans la figure.

04h30 : Retour dans le bus, j’ai le réflexe con de croquer un Digestive. C’est le trop plein, ce qui était mon biscuit préféré me dégoutera à jamais à compter de cette date, je donne le reste du paquet à Suzy.

05h30 : Alors que nous arrivons à Londres, j’ai comme la sensation d’une gueule de bois. Pourtant mon Ginger Ale est garantie 100% sucre et 0% alcool.

06h30 : Arrivée à Londres, je veux un lit, vite, dans la ville qui ne dort jamais.

En payant 12 euros pour parcourir 500 KM et traverser une mer, il ne faut pas s’attendre à une prestation 4 étoiles et comme dirait nos amis québécois : on ne demande pas à un cheval de pondre un oeuf. En revanche ne sous-estimez jamais votre besoin de confort et la sensibilité de votre postérieur. Le deal du bus bat en matière de prix tout autre moyen de transport, mais c’est à vous de choisir, entre la bourse et les hémorroïdes!

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