Réveil, il me faut de la musique.
Lecture aléatoire de Spotify. Au milieu de tout le bruit actuel, j’entends ce qui ressemble à de la musique ; je sais pas si c’est hype, mainstream, connu ou complètement à l’ombre du grand tourbillon médiatique : Paradis. J’ai entendu les premières notes de leur morceau Garde-le pour toi, et c’était comme une évidence. Le genre de musique qu’on a déjà entendu avant, mais en fait non, et qu’on écoute en boucle toute la journée. Ça résonne un peu comme du Phoenix ; attention, le Phoenix du début, le vrai, celui de la French Touch. Garde-le pour toi c’est en quelque sorte le If I ever feel better de 2014. Évidemment, raconter de la musique c’est compliqué, alors ceci n’est juste qu’un énorme clin d’œil pour aller l’écouter vite fait.
Rien dans le frigo.
C’est souvent ce qui arrive quand on a faim. La résolution d’aller faire les courses s’impose comme un évidence, et complètement résigné je me décide à y aller. C’est pas vraiment sexy le supermarché ; Warhol avait pourtant des trucs assez stylés avec des boîtes de lessive. C’était une bonne idée de vouloir transformer les rayons en couloirs de musée ; mais bon d’un autre côté, c’est assez difficile de bouffer des tableaux et des sculptures. Je me dis qu’il y aurait une idée d’exposition, genre faire des tableaux en chocolat et les manger au fur et à mesure de la soirée. Je regarderai si ça existe en rentrant, un taré a bien dû y penser avant moi.
« D’un coup, je sais que c’est lui : Étienne de Crécy. »
Dans un rayon, au hasard des rayons, dans ce labyrinthe de rayons. Je tombe sur un gars qui me dit vaguement quelque chose. Un mec barbu, jeune vieux (comparé à moi j’veux dire), qui se trimballe avec un panier : deux baguettes de pain, de la salade, des yaourts 0%. D’un coup, je sais que c’est lui : Étienne de Crécy. Justement un des gars qui faisait de la musique en même temps que Phoenix, Alex Gopher, Philipe Zdar (il formait le groupe Cassius, avec le frère de Sinclair, le mec de la Nouvelle Star), Daft Punk, et j’en passe. Étienne est là, beau comme un homme moderne et j’en profite pour lui glisser : « Ton Super Discount 3 est vraiment un carton. Et pourtant tu fais tes courses comme tout le monde ! ». Il rigole : « Sympa merci. Il faut bien manger, et les frigos se remplissent pas encore tous seuls ! ». On rigole. C’est une bonne idée ça aussi.
« Étienne de Crécy c’est un truc un peu pointu, presque une niche de nostalgiques. »
« Pourquoi t’as tout appelé Super Discount ? C’est un moyen de dénoncer ou c’est juste un mot qui sonne bien ? » Et là : « En fait pour le premier album, il fallait attirer l’attention ; l’esthétique des promos de magasin est pas trop mal pour ça. Et puis ils l’ont étudié avant moi. Donc je m’en suis resservi et puis c’est resté. C’est flashy, on peut pas passer à côté ! ». Ouais c’est vrai, bonne idée. « Hashtag My Ass, You, WTF. Tout ça c’est des titres d’aujourd’hui ; j’aime beaucoup l’idée de s’approprier des codes. Et puis c’est bien fait. J’ai entendu du Daft, du Armand Van Helden, des trucs ghetto quoi ! » Il se marre. C’est vrai, c’est vraiment très bien dosé tout ça. J’ai eu du mal avec ses premiers sons, un peu trop bruts et finalement, de rajouter un côté plus pop, ça lisse un peu le truc. Mais je sais pas si je devrais lui dire ; Étienne de Crécy c’est un truc un peu pointu, presque une niche de nostalgiques.
Il est en train de continuer ses courses tranquillement. Je pense à d’autres mecs qui font de la musique et qui vendent malheureusement plus que lui. Genre David « Bandit Manchot » Guetta. Genre One Direction. Non je rigole, eux on s’en tape. En partant je passe devant une belle montagne de boites de conserve (des petits pois) ; l’idée de mon exposition insolite me revient comme une claque dans la gueule.
1 comment
[…] Alors soit l’idée c’est de se moquer des pauvres types, un peu simplet et auquel cas vous passer pour l’un d’eux. Soit l’idée c’est de faire le mec de la vielle-école qui porte la chemise comme un uniforme scolaire anglo-saxon de 56, avec la raie sur le côté et le mouchoir en tissu dans la poche revolver de la veste de blazer, mais ça ne marche pas, car vous n’êtes ni le leader d’un groupe de pop britannique, ni un DJ ambassadeur de la French Touch. […]
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