Coups de Coeur

Cinéma – Dans l’oeil de la finance

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Comme le veut la tradition, pour Noël on s’offre des cadeaux. Ce mercredi 25 décembre, le réalisateur américain Martin Scorsese  a livré le sien ; son dernier film : « Le loup de Wall Street » (avec la sulfureuse Margot Robbie). Un bio pic de 3h sur l’ascension fulgurante de Jordan Belfort (interprété par Di Caprio), petit courtier chez LF Rothschild en 1987, star de Wall Street et de tous ses excès fin 1993. Entre-temps, en 1989, il aura créé Stratton Oakmont, une firme de courtage qui lui valut, moyennant des méthodes moralement douteuses, d’amasser en très peu de temps une fortune considérable. On y retrouve les thèmes favoris du réalisateur, l’argent, le sexe et la drogue, mais non pas au milieu des gangsters et autres mafieux comme à son habitude, mais dans le milieu très fermé de la finance.

Un monde qui fascine autant qu’il terrifie ; point d’orgue de la campagne de François Hollande en 2012, il continue pourtant  d’attirer bon nombre d’étudiants  français qui voit dans ce mode de vie un eldorado. L’objectif ultime pour celui qui veut toucher du doigt la consommation sans limites. Car finalement ce que l’on connaît du monde de la finance, outre les faits divers tragiques,  c’est le cinéma qui nous l’a appris.

Petit tour d’horizon des films consacrés au monde impitoyable des requins en col blanc.

Le + authentique : Wall Street 

Change needed ... Kevin is not a believer in Gordon Gekko's mantra.
Impossible de parler de films sur la finance, sans mentionner Gordon Gekko, le personnage culte incarné par le grand Michael Douglas dans Wall Street sortie en 87 ce qui lui vaudra l’oscar du meilleur acteur l’année suivante. Histoire d’un jeune gars interprété par Charlie Sheen tout fraichement sortie de l’université qui va se confronter à la dure réalité du monde de la finance. Pour la première fois, le spectateur est plongé face à la rudesse des marchés financés où les relations humaines sont régies par les profits et les pertes.

 

Le + réaliste : Capitalism, a love story  

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Lorsque la crise des supbrimes a frappé l’Amérique puis le monde en 2008, le héros moderne de la veuve et de l’orphelin, Michael Moore se devait d’agir pour dénoncer les malversations des banques américaines. Ce qu’il fit très bien avec ce documentaire-choc qui alterne questions économiques et notamment celle de savoir comment la cupidité a été la cause d’une crise financière sans précédent qui a causé à des milliers de foyers américains de se faire exproprier de leurs logements familiaux. Mais qui pose aussi une question bien plus politique qui est de savoir si l’on peut être catholique et capitaliste à la fois, et qui est conclue non sans une certaine dérision que « l’on ne peut pas être à la fois un capitaliste et un chrétien, parce qu’on ne peut pas en même temps aimer son argent et aimer son prochain ». Un film à regarder avec un certain recul lorsque l’on connaît les penchants quelques peu extrémistes de Moore, mais qui tout de même a le mérite de taper là où ça fait mal, dans le porte-monnaie de l’Amérique : à Wall Street..

Le + français : Krash

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Romance fantaisiste d’un banquier d’affaires à New-York qui invente une recette magique pour contrôler la bourse, à la clef beaucoup d’argent, des femmes et du succès. Une ascension fulgurante emmenée par un Gilles Lellouche quasiment bilingue qui se plait à se prendre pour le maitre du Monde avant que celui-ci ne le ramène à la réalité. Pour dire vrai, ce film n’a rien de légendaire, mais parce qu’il est français on se devait de vous en parler.  Pas une grande œuvre, mais qui a le mérite de divertir un lendemain de fête trop arrosée.

Le + drôle : Un fauteuil  pour deux 

Un fauteuil pour deux
Eddie Murphy et Dan Aykroyd au sommet de leur gloire pour une comédie n’hésitant pas à surfer sur les clichés. Un jeune cadre chargé des investissements dans une banque d’affaires de Philadelphie et un afro-américain débrouillard, mais fauché, vont échanger leurs rôles pour les besoins d’un pari. La recette est déjà vue, mais le résultat est là: on se bidonne bien !

http://www.youtube.com/watch?v=ZjDbJQKDXCY

Le + « Kerviel » : Trader

The Trader

La banqueroute de la banque Barings par les agissements d’un certain Nick Leeson. Cette histoire vraie,  portée par un très bon Ewan MC Gregor est le triste destin  d’un trader qui a eu plus grands yeux que grand ventre et qui finie par faire couler sa compagnie, par des mises spéculatives trop importantes. Cette mésaventure n’est pas sans rappeler le revers de manche qu’a essuyé un certain Jerome Kerviel ancien trader pour la Société Général qui a été condamnée en appel en 2012 a 5 ans de prison et au remboursement des pertes subies par son employeur soit 4,91 milliards d’euros. Comme au Tour de France, tout le monde triche, c’est un fait et tout le monde le sait, seulement parfois on se sent obligé d’en prendre un pour faire l’exemple. Kerviel est à la finance ce qu’Armstrong est au cyclisme : la goutte de trop qui fait déborder le vase, et Trader en est son illustration.

Le + crapuleux : Les initiés 

les initiés

En Droit,  le délit d’initié consiste à obtenir une information confidentielle sur une société pour faire des opérations à son profit, sur les titres ou actifs concernés, avant que l’information ne devienne publique, entraînant alors une baisse ou une hausse des cours de bourse. Un délit pénal répréhensible de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 1 500 000 euros en droit français. Dans le film, Giovanni Ribisi et Vin Diesel   donnent la réplique à Ben Affleck dans un voyage aux limites de la légalité.  Histoire assez simple de jeunes gars qui sont payés pour vendre des parts de sociétés imaginaires avant qu’ils ne se rendent compte qu’ils œuvrent pour une entreprise aussi immorale que rentable. Un choix devra se faire chez nos jeunes protagonistes. Entre quête de la richesse et idéal de vie, les Initiés pose la question que tous les jeunes devraient se poser lorsqu’ils rentrent sur le marché du travail : suis-je prêt à gagner beaucoup d’argent au détriment de toutes mes valeurs ?

http://www.youtube.com/watch?v=4N3vcLeX3bg

Le + dramatique : Arbitrage 

Arbitrage

Derrière les manias de la finance, il y a avant  des Hommes. C’est ce que montre Arbitrage un film avec dans le rôle principal Richard Gere, un business man de la finance qui doit vendre la société familiale dont il a truqué les comptes tout en échappant à la police, qui veut l’inculper du meurtre accidentel de sa maîtresse. Un drame quasiment Cornélien, qui montre l’humanité d’un homme que la finance a abêtie.


Le + futuriste : Cosmopolis 

Cosmopolis

Eric Packer a réussi dans la vie : courtier reconnu, il se pavane en voiture de luxe en plein New-York. Pour lui, la vie du commun des mortels ne s’apprécie que de loin. Pourtant, lors d’une visite présidentielle, il se retrouve, comme tout le monde, bloqué dans les embouteillages, contraint de traverser la ville à vitesse réduite. Peu à peu, autour de lui, le chaos s’installe. Le golden boy, qui présente des traits paranoïaques et égocentriques, commence à croire que son univers s’effondre. Pire, il est maintenant persuadé que quelqu’un est là, dans la population, prêt à l’assassiner. Il se méfie de tout le monde et perd de plus en plus le contact avec la réalité… Rôle taillé pour Paterson, Eric Packer est l’illustration même de ce gamin qui a été coupé du monde par l’argent et la réussite. Vivant dans un paradis ultra protégé, il se retrouve le temps d’une nuit confronté à la misère de la vie réelle. Un film sur la finance un peu spécial, mais qui ne manque pas de piquant !

Le + réaliste : Inside a Job

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La dépression mondiale, dont le coût s’élève à plus de 20 000 milliards de dollars, a engendré pour des millions de personnes la perte de leur emploi et leur maison. Au travers d’enquêtes approfondies et d’entretiens avec des acteurs majeurs de la finance, des hommes politiques et des journalistes, le film retrace l’émergence d’une industrie scélérate et dévoile les relations nocives qui ont corrompu la politique, les autorités de régulation et le monde universitaire. Narré par l’acteur oscarisé Matt Damon, le film a été tourné entre les Etats-Unis, l’Islande, l’Angleterre, la France, Singapour et la Chine. Oscar 2011 du Meilleur Documentaire que la rédaction vous recommande vivement.

Le + juridique : Cleveland contre Wall Street 

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Le 11 janvier 2008, Josh Cohen et ses associés, avocats de la ville de Cleveland, assignent en justice les 21 banques qu’ils jugent responsables des saisies immobilières qui dévastent leur ville. Mais les banques de Wall Street qu’ils attaquent s’opposent par tous les moyens à l’ouverture d’une procédure. Finalement le procès n’aura jamais lieu, mais le cinéaste suisse  Jean-Stéphane Bron décide de refaire en huit clos, l’acte manqué. Résultat il plonge le spectateur dans l’histoire d’une crise mondiale et de ces conséquences locales.

Avec ça vous êtes désormais fin prêt pour affronter le monde de la finance avec un œil nouveau.

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