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Le rêve, frontière de la réalité

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Les rêves fascinent et c’est peu de le dire. Voyez comme à travers les âges ils ont toujours suscité croyances, études, mysticismes et interprétations. Bien que la science progresse de façon fulgurante en usant de méthodes toujours plus performantes, il n’en demeure pas moins que la signification des rêves en eux-mêmes échappe à la Raison.

Peut-être est-ce la preuve qu’il existe en nous des mécanismes bien plus profonds que l’on ne veut le croire. Ou peut-être est-ce simplement l’œuvre d’un ensemble de capacités purement physiologiques aboutissant à un résultat parfaitement aléatoire.

Personne ne saurait le dire, et pourtant nombreux sont ceux qui se sont attelés à la complexe tâche visant à décrypter nos songes.

L’interprétation divine du rêve chez les Anciens

Le lien entre le rêve et le divin est quelque chose d’assez universel. On le retrouve dans un grand nombre de mythes fondateurs et de légendes. Les mythologies égyptienne, grecque, romaine et monothéiste, pour ne parler que d’elles, foisonnent de personnages qui, touchés par la grâce des dieux, ont entre-aperçu le futur en rêve. Car oui, lorsqu’il y a du divin, il y a nécessairement du prophétique !

Rêve – oracle delphes
Parfois, elle ne se rappelait plus.

Le rêve prémonitoire était d’ailleurs une des spécialités de la célèbre Pythie de Delphes, l’Oracle du Temple d’Apollon qui, joyeusement droguée, faisait part de sa communication avec les puissances occultes de l’au-delà. Dans le même registre, les pharaons de l’Antique Egypte (lire ici notre article sur le monde antique) sollicitaient très sérieusement les conseils des légions de prêtres, médecins, astrologues et autres onirologues (« spécialiste » des rêves) composant leur divine cour.  Et que dire du rêve dans la tradition biblique, et plus précisément des célèbres visions de Daniel présentant la statue aux pieds d’argile ou encore les quatre bêtes symbolisant quatre empires auxquels succédera la venue du Messie.

Rêve – hurluberlu.fr
Un moyen simple d’avoir l’attention des puissants…

Cela étant, il n’en demeure pas moins que, quoiqu’antiques, certains personnages étaient bien moins superstitieux. Platon estimait, par exemple, que le rêve était le lieu où les désirs honteux s’exprimaient. Aristote, quant à lui, les envisageait comme un phénomène lié au vécu de la journée. Il est très surprenant de constater à quel point leurs réflexions sont toujours d’actualité, que ce soit à travers la psychanalyse freudienne ou les études relatives à l’incidence de l’environnement sur le sommeil !

A lire sur le même sujet : L’homme utilise t-il 10% de son cerveau ?

La frustration, selon Freud

Le père de la psychologie s’est beaucoup penché sur le phénomène. En étudiant l’inconscient de la personnalité, Freud émet l’hypothèse que le rêve est une manifestation des pulsions du « ça », cette partie de notre psyché qui suggère en permanence au « moi » des désirs très souvent sexuels, et que notre « surmoi » oppresse de son mieux pour permettre la vie en société. Selon Freud, les pulsions refoulées jaillissent inconsciemment à travers les rêves et c’est la raison pour laquelle il les interprète comme un indicateur des frustrations sexuelles d’un individu par références implicites.

Au-delà du fait que Freud base toute sa réflexion sur le rapport au sexe, les problèmes apparaissent lorsque le psychanalyste précise que le rêve s’appuie sur des images provenant de l’inconscient collectif, des sortes de schémas partagés inconsciemment par tous. Par exemple, si une femme rêve qu’elle caresse un chat, cela signifie qu’elle a de gros besoins masturbatoires. Si un homme rêve d’un chêne, cela signifie qu’il se questionne quant à son rapport au phallus…

rêve freud – hurluberlu.fr
Entre Floyd et Freud, il n’y a qu’un rêve.

No comment.

On notera toutefois le courage et le mérite de Freud d’évoquer au XIXème siècle, à une époque encore très empreinte de tabou et de religion, le rapport entre l’individu et sa sexualité. Il est très probable que cela ait une incidence sur le rêve, mais dans une moindre mesure à n’en pas douter !

L’approche moderne et technique du rêve

Les progrès en matière de médecine ont permis, à défaut d’en percer les mystères, en tout cas d’étudier et décortiquer le sommeil en plusieurs phases : le sommeil lent, et le sommeil paradoxal et le sommeil intermédiaire (de façon très schématique).

En mettant en évidence les signaux électriques produits par le cerveau durant le sommeil, certaines études relèvent que le rêve a lieu principalement pendant la phase du sommeil paradoxal. Cette phase assez courte, d’une durée de 15 à 20 minutes, s’accompagne de mouvements oculaires rapides, dont les rêves seraient à l’origine.

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Tout est dans la tête.

Le songe est davantage présenté par la technique comme une fonction physiologique primordiale permettant une « mise à jour » de la mémoire, ce qui explique pourquoi les animaux rêvent également. Quant à leur signification, il s’agirait en réalité d’une succession de données collectées par notre mémoire et combinées aléatoirement dans notre cerveau. L’intensité du souvenir de rêve serait liée, quant à elle, au moment précis de notre réveil. Selon la phase durant laquelle l’individu est réveillé, il en gardera un souvenir plus ou moins net.

Il ne s’agit là évidemment que d’hypothèses. La science ne parviendra peut-être à expliquer le rêve que lorsqu’elle aura réussi à percer les mystères du cerveau. Et il y a encore beaucoup de travail !

Cela étant, rien ne nous empêche d’avoir notre propre conception des rêves, aussi troublants, mystérieux et abscons puissent-ils être. Si une chose est bien certaine, c’est que le rêve est précisément quelque chose de personnel. La meilleure méthode pour l’étudier au niveau individuel consiste surement à l’écrire lorsqu’il est encore frais, peu après le réveil. Peut-être qu’en le lisant avec du recul, quelque chose de particulier en jaillira.

Et, après tout, la signification du rêve réside peut-être dans un mélange de toutes ces considérations ? Un peu de physiologie, un peu de frustration et un peu de prémonition

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