Coups de Coeur

Confession, d’un accroc aux séries TV

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cAvant, les lundis soirs, je voyais ma copine, je demandais à mes potes de venir se prendre une petite « piquette » à FIFA à la maison, ou je prenais de l’avance sur mes cas pratiques de la semaine, mais ça c’était avant. Avant l’apparition de Game of Thrones et de toutes les  autres séries en tout genre, qui sont venues me paralyser ma vie sociale, universitaire et sexuelle – mais Dieu, que c’est bon!

On peut dire que cette décennie aura connu, trois grandes révolutions ; la première est immanquablement celle d’Internet, du haut débit, de la 4G qui a magnifiquement permis de twitter en haut de l’aiguille du Midi ou plus rationnellement de se mater la Ligue 1 sous la table lorsque l’on est trainé de force à un dîner un peu trop relou. La seconde, tout aussi importante,  c’est l’émergence du « food porn », de la bouffe grasse et malsaine que l’on ingurgite salement à toute heure du jour et de la nuit, en espérant que le footing du dimanche matin va l’éliminer –« que celui qui ne prend pas son pied en dégustant un triple Whopper me jette la première pierre ».

Enfin la dernière pierre angulaire du triptyque (ouais je suis très ambiancé cailloux), c’est bien sûr, l’apparition de séries télévisées complètement dingues, qui rivalisent d’inventivité et d’imagination au point de vous rendre littéralement accro. Ainsi, comme un héroïnomane,  vous vous surprenez  à rester enfermé trois jours durant sans manger ni dormir pour venir à bout du dernier chef d’œuvre d’HBO ou du nouveau classique d’AMC.

Pourquoi suis-je si remué, si retourné, si déchiré devant une série TV. Ahhh, se faire manipuler ses propres émotions finalement déboucher en pleine lumière et se dire que « c’est déjà fini ».

On noublie jamais doù lon vient

Les séries TV, c’est un peu comme le football et la musique;  tu commences toujours avec tes parents, qui eux-mêmes ont commencé avec tes grands-parents, la comparaison s’arrête là, car pour les arrières grands-parents, ils étaient trop occupés à jouer au bilboquet pour s’intéresser à la vie de Walter White.

Il n’empêche que comme tous les accrocs, j’ai du tomber assez tôt dans mon vice, du moins dans les prémices d’une addiction.  Par où commencer ? Le club Dorothé du mercredi matin ? La ligue des justiciers du dimanche matin ? Ce vieux rafistoleur de tuyaux de Mac Gyver le dimanche après-midi ? Ou simplement ce coffret K7 d’ « Amicalement Vôtre » qui trônait dans la bibliothèque et sur lequel  j’ai fait mes premières armes, lorsque j’avais tout juste l’âge de marcher ? Je ne saurais vraiment dire, l’origine de mon mal, mais ce dont je suis sûr, c’est que mes parents y sont pour beaucoup.

Mais c’était  tellement agréable de se blottir sous le plaid de sa maman et veiller jusqu’à l’heure exceptionnelle de 10h, pour regarder un épisode de « Chapeau Melon et botte de cuir » ou du « Prisonnier ».  Après tout, lorsque tu as dix ans, qu’est-ce qu’il a de mieux que de trainer en pyjama toute la journée en regardant l’intégrale des épisodes des Tortues Ninjas tout en gobant quatre par quatre les bonbons Haribo de la boite « famille » (que tu piquais dans le placard pour ne laisser que les morceaux de réglisse, signe, que tu étais le coupable du larcin).

Finalement, tu grandis, tu t’émancipes, tu quittes le logement familial, tu abandonnes tes idoles, et c’est au moment où tu t’y attends le moins que ton passé de « tueur en séries » revient à la surface.

Encore une histoire de pression sociale

C’est toujours la même histoire, si tu te mets à quelque chose c’est pour faire comme les copains.  C’est pour ça que j’ai commencé le foot, le droit et la cigarette (pour la cigarette, j’essaye d’arrêter. Mais c’est aussi pour ça que j’ai commencé à me mater des séries. D’abord, une, puis deux, puis trois, puis finalement tellement que je n’ai pas assez de tous les soirs de la semaine pour pouvoir suivre mes différents héros.

Il faut me comprendre aussi, c’est un sentiment dévastateur lorsqu’à la pause clope, tout le monde parle du dernier épisode de la veille, et que l’on ignore de quoi il parlent,

On a l’impression d’être hors du « game »,  d’être Jérémy Menez à la remise de trophée du PSG ou Enora Malagré lors d’une conférence à l’Académie française;  on se sent désespérément seul et on a besoin de retrouver un peu d’attention. Une fois que tu as mis la main de l’engrenage, c’est fini, tu es coincé.

C’est comme ça que je me suis retrouvé à me mater les six saisons de Lost, sans jamais vraiment rien n’y comprendre, ou que je me motivais une énième fois  pour l’ultime round de Californication.

Hank Moody: l'écrivain séducteur
Hank Moody: l’écrivain séducteur

Tout simplement parce qu’au même titre que quelqu’un qui n’a jamais écouté l’album blanc des Beatles, l’individu qui ne sait pas qui est Heisenberg est définitivement un inculte.

L’âme bien vaillante qui sommeille en moi va vous aider dans votre quête, pour soulager la mienne : vous présenter brièvement quelques une des plus fameuses de mes addictions.

 

Tueur en série

Breaking Bad. S’il fallait commencer quelque part, se serait justement par Breaking Bad, la série de Vince Gilligan que nombreux caractérisent comme meilleure série télévisée de tous les temps. Tout de même.

Le Walter White de Breaking Bad est un trafiquant de drogue pas comme les autres –il n’a commencé que pour payer les frais médicaux de son cancer et, surtout, laisser un petit pactole à sa femme et ses enfants une fois qu’il aurait inexorablement disparu. Bien sûr, ça se passe aux États-Unis. Ce n’est pas avec notre sécu sociale que des drames pareils se passeraient en France. Chimiste de génie, Walter va créer une version redoutablement efficace de la drogue en vogue : la méthamphétamine, et « malgré » l’aide d’un complice plus chaotique et générateur de galères que réellement utile, l’inénarrable Jesse, va faire son apprentissage, contraint et forcé, dans les milieux de la drogue pour petit à petit s’y endurcir et y faire son chemin jusqu’au point de non retours…

 

True Detective.  Je ne crois pas avoir été autant estomaqué par une interprétation d’acteur que celle d’un homme désabusé joué par Matthew McConaughey. L’histoire policière banale n’est qu’une respiration entre les moments où son génie éblouit l’écran –spécialement dans la période « moderne ».

Tony Soprano, bien sûr. Bien sûr la vie quotidienne d’un mafieux en dépression. Mais surtout le moment  où son cousin Christopher réalise que sa fiancée Adriana a été piégée par le FBI et…qu’il va devoir l’éliminer. Et il le fait. Comme ça, sans le vouloir, mais sans avoir le choix non plus. Bien sûr, le Parrain, bien sûr Shakespeare…mais à l’épicerie du coin.

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– Difficile de ne pas citer Six Feet Under, une des séries les moins morbides qui soient, malgré la profession de, heu, tous ses héros : croque-morts, de père en fils. C’est la mort du fils, Nate, et son enterrement dans la nature, qui sera le seul moment déchirant de chronique si humaine et si attachante.

– Trop de Game of Thrones tuera-t-il Game of Thrones ? Ou pas ? Trop d’incestes frères sœurs ? Trop de morts ? Ou plutôt trop peu de …Stark !!?

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Comment vont-ils faire une fois tous les Stark morts ? Arrêtez, un peu, aussi ! On a tous cru que cette saga, c’était l’histoire du bon, du noble, du généreux Ned Stark : ça n’a même pas tenu un an avec que sa tête ne roule dans la sciure. Puis le jeune loup, son fils : les Noces pourpres en ont eu vite raison. Par pure méchanceté, je peux vous dire que même Jon, le bâtard Stark, ne devrait pas rester si longtemps dans le casting –de toute manière,il n’y connaît rien, Jon Snow, pas vrai ? Reste ce faiblichon de Brandon ? Pfff, vous allez voir qu’ils vont bien finir par lui faire avoir un accident de brouette, ce n’est pas possible ! Les Stark sont les Atrides modernes –avec un destin de tragédie grecque (ou de space opéra, je ne sais plus, je confonds tout le temps).

Au final tous les Stark mourront-ils ? Je ne sais pas.

– Pour finir, Treme n’a juste pas d’équivalent (et ça se prononce Trémé, du nom d’un quartier de la nouvelle Orléans).

J’envie ceux d’entre vous qui n’ont pas encore découvert cette merveille. Oubliez tout le reste, tout ce qui est cité plus haut. Oubliez le travail. Oubliez vos amis, noyez vos enfants et faites garder vos chiens : Treme vous apprendra ce qui est vraiment important dans la vie (dont notamment les amis, les enfants, les chiens –oui, je sais, ça tombe mal, mais voilà, on n’a rien sans rien).

Désormais, si votre copine, votre meilleur pote ou votre frère ne répond pas pendant un week-end à vos appels pour aller faire la fête, vous n’aurez plus à vous faire de soucis, c’est qu’ils  sont aussi accrocs à ces incroyables séries…

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1 comment

Les séries anglaises à voir. - Hurluberlu.FR 22/04/2015 at 16:26

[…] une sélection des meilleurs séries anglaises fraîchement concoctée pour ton bien […]

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