Culture G

Pourquoi c’est (déjà) culte – La Boiler Room

Partager cet article

C’est peut-être les soirées des années 2010, la rencontre entre le cool et le web 2.0, entre la musique et les Internets. Difficile, en effet d’être passé à côté du phénomène Boiler Room, véritable raz-de-marée de la « hype » qui rassemble chaque mois quelques centaines de fidèles à la recherche de la Guest List qui leurs permettra d’assister à un événement organisé par le collectif Londonien et des milliers d’internautes derrières leurs écrans d’ordinateurs. 

Ce qui pouvait en effet s’apparenter, au début, à des soirées underground, est désormais un phénomène planétaire qui rassemble chaque mois pas moins de 3 millions de spectateurs. Retours sur ce phénomène hallucinant.

La recette du « comme à la maison »

Loin de l’ambiance aseptisée du clubbing  de « masse », la Boiler Room (car oui c’est bel et bien un nom féminin)  a émergé à Londres en 2010. Le principe était de rapprocher les DJs de leur public en leur permettant de jouer dans un lieu original et souvent intimiste, le live étant retransmis en direct sur Internet.

L’idée c’est de prendre les pointures de la scène électronique mondiale et de les mettre dans votre salon ou parfois l’inverse. Par exemple, le DJ canadien Richie Hawtin a tout simplement organisé une Boiler Room dans son appartement de Berlin .

Né en juin 2010 dans une fête improvisée à Londres dans une ancienne « boiler room », un centre d’appel pour vendre des actions complètement pas rentables et qui à fait, entre autres, la richesse de Jordan Belfort, le héro malheureux du Loup de Wall Street. Le phénomène s’est vite étendu dans les villes où la musique électronique est légion et notamment à New York, Los Angeles et Berlin.

Paris est resté pendant très longtemps à l’écart du phénomène, puisqu’elle n’a accueilli sa première Boiler Room qu’en 2012, avant que d’autres villes françaises ne suivent et notamment Lyon qui a accueilli l’évènement lors de la  dernière  édition des Nuits Sonores, pour le set énormissime de Rone (ceux qui y étaient savent).

L’apogée du web 2.0 pour ne pas rater l’immanquable 

Les soirées privées ont toujours existé, mais le gros avantage des Boiler Room, c’est que l’internaute a la possibilité d’avoir  un œil à l’intérieur du microcosme de la culture club. L’univers de la musique électronique est très fermé ; il a ses propres codes et ses références, et bien souvent sans un solide carnet d’adresses, il est difficile de s’approcher des principaux acteurs qui composent ce réseau : les DJs .

La Boiler Room est aussi l'occasion de gratter le numéro de la sublime Nina Kraviz
La Boiler Room est aussi l’occasion de gratter le numéro de la sublime Nina Kraviz

Si l’accès au Boiler Room est très sélectif, tout un chacun peut  voir le set de Maya Jane Coles ou de Gesaffelstein, en direct live grâce à un site de streaming. L’internaute est donc plongé, l’espace de quelques minutes, dans l’univers de tel ou tel artiste, avec son lot de surprises et d’imprévus. C’était le cas lors de  la Boiler Room de Motor City Drum Ensemble, où un gars débarque, fait semblant de scratcher pour déconner et tout le set s’arrête à cause de lui.

Si cela peut paraître aberrant pour certains que des milliers d’internautes squattent leurs écrans d’ordinateurs pour voir mixer un mec au lieu de sortir s’adhérer la tête avec des vraies personnes, pour celui qui suie le concert, l’envie qui prime est de ne pas louper l’immanquable. Ce que les Anglo-saxons appellent le “Fear Of Missing Out”, la peur de manquer un événement crucial, une dernière track jouée, ou un nouvel album en préparation; un truc de fan, entretenu par la sélection des évènements.\

La sélection par la hype 

C’est une règle immuable de l’être humain, moins on a accès à quelques choses et plus on désire l’avoir. C’est le fameux théorème amoureux du « suis moi et je te fuis et fuis-moi et je te suis », appliqué au club c’est plutôt que l’on aurait toujours tendance à vouloir rentrer là où on ne peut pas rentrer, plutôt que de profiter de notre soirée dans un endroit accessible. C’est la culture naturelle de l’épanouissement par la sélection, et ça les organisateurs de la Boiler Room l’ont bien compris.

Blaise Belleville, le “company director” de Boiler Room qui a déjà à son actif le succès des soirées All Age dédiées aux adolescents, n’a que 26 ans. Et c’est sûrement pour ça qu’il est à même de comprendre que la position du curseur sur l’échelle “hype – célébrité” est la clé de voûte du succès, et qu’il faut donc le manier avec la plus grande subtilité.

Ainsi,  pour n’importe quel amateur d’électro, les soirées Boiler Room c’est le Graal : trois ou quatre performances par soirée, des programmations démentes pour qui s’intéresse un peu aux cultures électroniques, pas un kopeck à dépenser pour rentrer, des lieux souvent complètement fous et l’assurance de passer une grande soirée. Le seul problème c’est que la guest list est ridiculement petite et presque aucun moyens pour le commun des mortels d’y inscrire son nom. La seule solution qui  reste est donc d’allumer l’ordinateur pour profiter du son…

A lire aussi : Faut t-il se droguer pour écouter de l’électro ?

De la musique de qualité et gratuite 

Si vous n’aimez pas passer vos samedis soir assis sur le canapé à mater un live sur votre ordinateur avec un pot de glace Haagen Daz alors vous pouvez toujours aller rechercher de quoi nourrir votre Ipod, puisque presque tous les mixs de la Boiler Room sont en téléchargement gratuit sur leur Souncloud, mais comme on est des amis, on  vous a mis une petite sélection de ce qui s’est fait de mieux ces dernières années et qui sont déjà cultes.

Rendez-vous alors à la prochaine Boiler Room, près de chez vous?

 

Related posts

Faut-il souffrir pour mériter l’Oscar ?

Cécile

Innovation – Ecolos jusqu’à la mort, l’urne funéraire bio

Hugues

Unai Emery ou la xénophobie footballistique

Hurluberlu et ses ami(e)s